INSOMNIE
Je ne sais plus très bien si c'est la souffrance ou la peur de la souffrance qui a ouvert mes yeux, tordu mon corps, miné mes rêves...me voilà enfermée dans la nuit, si seule auprés de ton souffle lourd et régulier, de ton sommeil délicieux que je voudrais goûter...
Mon corps se déforme et s'alourdit, se tourne et se retourne frénétiquement, sans répit, contre mon gré; puis se sont mes pensées qui s'appesantissent, deviennent de plomb, triturent sans relâche mon esprit torturé. les mots se bousculent, veulent sortir d'un bloc, mais ils restent là, au bord de l'abîme, ne pas tomber...
Demain, je parlerai, j'écrirai ces lettres que je n'envoie jamais, je jetterai ces bouteilles à la mer, je me libérerai du cri silencieux, ce poids des mots oubliés, tus, tués.
Hurler le silence et se taire au matin, grelotter de fatigue et vouloir tout dire, pouvoir coucher le flot, enfin, se libérer...
Voilà un jour nouveau, l'envie de renaître enfin, ce soir je dormirai, mon corps apaisé se fera léger et souple, mes rêves seront doux et lisses, sous mes yeux enfin clos le flot des mots prendra un débit régulier et serein, un ruisseau pour agrémenter la rivière et non plus un torrent qui emporte tout sur son passage, sans rien laisser qu'un goût amer. J'écrirai!