particule élémentaire...
Je m'était juré de ne pas lâcher l'écriture plus de deux jours, malgré le travail et la fatigue...
mais c'était compter sans la "molécule en rupture" qui fait de moi un tas de cendres vidé de toute substance...pas de mots assez forts pour me libérer du carcan qui enferme mon corps, je me sent seule,, si seule, personne à qui faire partager ma torture. Je voudrais avoir le droit de me plaindre, être à mon tour portée, moi qui porte tant. D'ailleurs, c'est en fait la cause de tous mes maux : je porte trop; Pas de charges lourdes, m'a dit le professeur, enfin plutôt l'a-t-il dit à ses sbires qui me regardent, inquisiteurs, me font plier les membres dans tous les sens, à moitié nue, grelottante de froid et d'angoisse.
C'est bien une SPA, qu'il a dit, le professeur. Abréviation curieuse qui fait plus penser à une pension pour clébards abandonnés qu'à une maladie.
Alors me voilà dépendante d'une petite boîte, fabriquée par un gros laboratoire et voilà ce gros laboratoire qui oublie de fabriquer ma petite boîte. Pas grave, il n'y a pas beaucoup de "consommateurs ", c'est pas un produit phare et puis d'abord ce sont essentiellement les hommes qui sont atteints de SPA ,alors, bon, faut quand même pas que je la ramène trop, hein.
Ca fait quatre jours que je me bat avec mon corps, plus qu'à l'accoutumée, que je me réveille la nuit en pleurant ma souffrance, ma rage, mon impuissance. Quatre jours, c'est pas grand chose...quatre jours en enfer, merde!
Je n'ai plus jamais revu ce vieux con de professeur, qui a fait de moi un résumé en trois lettres, qui me considère, comme le gros labo, comme une particule élémentaire.
Mon toubib, un vrai médecin 'de campagne" se bat pour moi, mais il est bien seul, lui aussi, ça fait bien quatre ou cinq fois qu'on me fait le coup de la rupture, qu'on menace même de supprimer purement et simplement le seul médicament capable de me rendre la vie "supportable". Au secours...