Séraphin
Une journée merveilleuse passée avec lui, après toutes ces années perdues à lui distiller, chichement, quelques brèves nouvelles, lui qui écrit de longues lettres que je savoure tendrement, un grand sourire au bord des lèvres...
Il a toujours eu le reproche délicat, il n'a jamais laché la plume, malgré le silence qu'il avait, souvent, en retour. Je n'ai jamais cessé de l'aimer tendrement, loin des billets qu'il attendait, l'ami, l'amoureux , le barbu magnifique. Ces mots perdus, je les aient ressassé dans ma tête, les aient parfois couchés sur une esquisse de billet...je ne sais pas si je crains qu'ils manquent d'intensité ou qu'ils en disent trop, trop de moi, de mes émotions, mais je suis sûre, maintenant qu'ils les auraient tous aimé, mes mots, juste parce qu'ils sont de moi.
Promis, Séraph, je ne laisse plus l'oubli te guetter, je laisse couler tout ce qui coule, larmes comprises, juste pour te saluer.
Mon Empereur à la Barbe Fleurie, mon tout jeune berger de quatre-vingt printemps, tu ne changes pas, tu blanchit à peine et la malice et la bonté de tes yeux ne faiblissent pas.
Tu nous recoit comme des rois, avec ta fille, belle réplique de ton âme, tu cours de droite à gauche, pour nous contenter, nous nourrir de toi jusqu'à sassiété, jusqu'au départ qu'il nous faudra arracher à ton déja manque de nous, à notre si grand manque de toi.
Promis, Séraph, je n'attendrai pas un dernier adieu avant de t'enlacer, le temps nous presse et l'amitié est si rare, si précieuse.
je voudrais demain reprendre la route sinueuse et longue qui mène à ta petite bicoque de guingois, te serrer dans mes bras et regarder tes yeux pétiller de bonheur.
Demain, Séraphin, je serai là.