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les mots de MEL
28 février 2010

Avis de tempête

Nous avons subit depuis le mois de janvier, la manifestation des palettes les plus élargies de l'hiver, dans la démesure de ce paysage qui se prête à l'excès, autant que ses habitants sont réservés. Nous n'existons que rarement sur les cartes météo, sauf pour laisser croire que nous habitons le pays le plus froid de France, même quand nous vivons un été quasi caniculaire, comme ce fut le cas cette année. les chutes de neige étant un phénomène parfaitement normal et surtout géré au quotidien dans nos montagnes douces, il n'est jamais fait mention des quarante centimètres qui tombent régulièrement sur mes mille mètres d'altitude et des quelques journées qui ne dépassaient pas les -10°C, je ne vous parle même pas des nuits...

Et alors? les maisons sont chaudes , j'ai chez moi des murs mètres de 1.30m d'épaisseur, la route est toujours dégagée, dès cinq heures du matin, au grand damne de mon collégien maison qui rêve chaque matin d'une bonne vieille congère. C'est arrivé une fois, la fête à la maison!

Pour nous, ça ne change rien. Après avoir connu un mode de vie nomade, nous travaillons sur place, au froid, certes, mais il nous arrivait, au début, d'oublier de quitter nos molles pantoufles pour aller jusqu'au labo, puisqu'il n'est pas nécessaire de mettre le bout du nez dehors. Il n'y a que nos animaux pour nous pousser à chausser les bottes et prendre quelques bouffées de froid sur le bout du nez. De la pure rigolade, à penser ce que notre vie de bergers errants nous a conduit à user de godillots, à parcourir de kilomètres, a vivre de journées froides et verticales, à l'image du relief abrupte des Alpes du Sud, que j'aimais fort mais ne regrette pas;  je ne regrette rien, juste un peu de nostalgie du troupeau qui était mon vrai lien à cette terre ingrate; "L'échappée Bêle " trotte toujours dans ma tête, écrire ici des tranches de cette vie passée m'a beaucoup aidé à tourner la page, et à trouver que ma vie  est déjà si riche, même si mon étrange appétit d'elle ne se repaît jamais et me rend , parfois, à la limite de l'anorexie...

Je m'égares, je venais parler climat, cette tempête, cette-fois annoncée, même ICI, qui a déboulé sournoisement hier après-midi, pour nous serrer toute une nuit dans son étau.

J'ai déjà goûté les jours de "burle", depuis notre arrivée, un peu agacée par cette pale copie de mistral, vent que 'exècre, mais qui n'a pas l'arrogance de ce vent de Provence qui peut vous dévorer un mois entier, sans le moindre répit. La burle vous secoue deux ou trois jours au plus, le temps d'emporter une vague de nuages se décharger ailleurs.

Hier, donc, ce furent d'abord quelques coups de sifflets qui passèrent sous les portes, au milieu de grands silences figés, comme si la terre, les arbres et le ciel guettaient en chuchotant la première rafale. Les portes des chambres se mirent à claquer, puis, en mettant le nez dehors, on sentait la terre se charger d'une odeur puissante d'humus saturé d'humidité. Une gifle de vent chargé d'eau me percuta le visage, puis une autre; la pluie franchit la porte, comme pour se réfugier, je claquais donc la porte au vent, nous étions quittes!

Pas du tout...l'insert de la cheminée se mit à fumer comme une vieille cocotte au couvercle mal jointé, recouvrant en quelques instants le bas de la maison d'une chape âcre à pleurer, il fallut ouvrir d'urgence tout ce qui faisait entrer l'air, le vent, la pluie, le froid, jusqu'à ce que le feu se meurt ou presque.

Épuisés par une journée de boulot bien rhytmée, nous avons décidé une soirée radio-bouquinradio-bouquin sous la couette. Je me suis endormie sur mon livre (l'ennui probablement, on m'a offert le dernier "FOG", je ne supporte ni l'homme, ni l'écriture, il me dégoûte un peu, je le trouve pathétiquement médiocre et lâche...), malgré l'impression permanente que la chambre finirait par décoller à force de secousses et j'eus l'impression de somnoler dans le tambour d'une machine à laver.

Résultat, ce matin, teint gris et cernes violettes, petit tas raide et douloureux d'humidité, encore une nuit de M.....

Bien que la tempête se soit éloignée, en marche arrière pour mieux durer, il subsiste, à la fin de cette journée, des trainées tristes, un ciel meurtri qui ne se résigne pas et flaque les vitres du bureau, poussé par les derniers rebonds du souffle renégat.

Il faut que j'aille nourrir ma marmaille, je traîne la patte.

Allez, bottes, combi, bonnet, gants, sexy à souhait, je vous laisse jusqu'à...demain!

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Commentaires
C
J'apprends ce soir par les médias, que cette tempête dont je parle avec légèreté, et dont nous n'eûmes visiblement qu'une vague réplique, a fait une cinquantaine de morts. Je suis triste, attérée et moritfiée par la desinvolture fortuite de mes propos. Mes pensées vont aux victimes de cet imprévisible drame...
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les mots de MEL
  • "De deux choses Lune, l'Autre c'est le Soleil." JACQUES PREVERT. Amoureuse des mots, ne peux vivre pleinement qu'au travers de ceux-ci, qu'ils soient littérature, théâtre, cinéma, réels, imaginaires, pourvu qu'ils fassent vibrer l'âme et la nourrissent.
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