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les mots de MEL
30 novembre 2010

Les mots à la bouche...

Depuis que tu es parti, je n'écris plus. C'est un constat, pas forcément un lien de cause à effet, un état que je cherche à décrypter, sans savoir où tout cela me mène. Parfois je me sens allégée du poids des mots qui courraient jusqu'alors perpétuellement dans ma tête et imploraient d'en sortir, car il arrive aujourd'hui qu'ils me quittent, qu'ils s'effilochent. D'autres  fois, ils viennent me tenter, me harcèlent un peu, m'agacent, inachevés, semant le trouble dans mon esprit avide.

J'oscille interminablement entre la légèreté de pensées superficielles, quelques bulles de Champagne auraient remplacé les entrelacs de mes fièvres passées, et la tristesse de n'avoir plus la clé d'un flux jusqu'alors incessant...

Je recommence mes imbéciles gribouillis inachevés, mes mots froissés dans la poche d'un jean, ou prisonniers d'un livre déplacé, mes cahiers planqués dans tous les recoins les plus tordus de ma grande bicoque, une phrase, des rimes échappées, des pieds perdus dans une comptabilité vaine...j'ai déjà vécu ça, oui, quand "il" est parti, curieux comme les départs me vident de ma substance?

Mais je m'égare, il n'y a rien de comparable entre la perte définitive d'un être cher, comme ce fut le cas, il y a si longtemps, et le départ voulu d'un fils vers un mieux être. J'ai beau te savoir heureux, enfin débarrassé du carcan du mal être, je ne peux m'empêcher, très égoïstement, de me sentir étiolée, loin de toi. Tu es si jeune, si petit, si loin...

Je ne peux pas passer devant la porte de ta chambre sans avoir un pincement au coeur, alors j'ouvre cet endroit déserté de ta présence, de ton odeur, et je ferme les yeux, nichant mes pensées dans ton cou ou glissaient encore, il y a quelques mois, d'anarchiques boucles blondes. Combien de fois les ai-je humées, te prenant dans mes bras après une de nos "batailles", pensant fort "mon petit, mon tout petit, que faut-il que je fasse pour te voir heureux, pourquoi n'ai-je jamais les bons mots pour toi?"

Tout est dit, rien n'est dit, mais ce soir, j'avais enfin les mots à la bouche et même si quelques larmes coulent, je suis pleine du bonheur de te savoir plus en paix avec toi et tes bavardages enthousiastes au bout du fil comblent tous les silences qui me faisaient si mal quand tu étais près de moi et tout le poids de ton absence, finalement. Il suffisait de l'écrire.

Je suis tout près de toi

Et les mots à ma bouche

Sommeillaient malgré moi

Avant que je les couche

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Commentaires
A
j'ai donné à mon fils Pierre-François, l'album photos de son enfance.<br /> Je pleurais chaque soir l'absence de mon bébé "de papier" et il a dû me le rendre (en faisant auparavant des copies).<br /> Bises à toi<br /> Any
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E
Difficile de se dire que tout peut aller mieux loin de nous. Cette absence passagère, souvent salvatrice est un déchirement. Mais en prenant du recul, on s'apperçoit que d'autres fondations sont en train de naître et que notre jeune pousse si fragile grandit, se fortifie et un beau matin, ce sera l'épanouissement qui te redonnera le sourire. Malgré le vent qui malmènera ton tout petit... devenu plus grand, ta force saura le maintenir debout. Aucun de vous ne fléchira, c'est certain. Des pensées pour vous deux.
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T
Une très belle lettre d'amour d'une mère à un fils, des mots qui bouleversent.... L'éloignement est dur parfois, mais il rapproche aussi selon moi, apporte une autre vision de l'autre, une relation différente... Vous vous aimez et êtes présents dans vos coeurs, c'est l'essentiel ;)<br /> Je t'embrasse Mel ;)
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les mots de MEL
  • "De deux choses Lune, l'Autre c'est le Soleil." JACQUES PREVERT. Amoureuse des mots, ne peux vivre pleinement qu'au travers de ceux-ci, qu'ils soient littérature, théâtre, cinéma, réels, imaginaires, pourvu qu'ils fassent vibrer l'âme et la nourrissent.
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