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les mots de MEL
19 février 2011

Une journée particulière

La maison délabrée est déjà écrasée par le soleil de mai; de l'extérieur, elle a encore son charme, mais il y a "quelque chose " entre elle et moi; je la sens habitée depuis bien longtemps par des histoires qui parfois me font frissonner quand je prends le grand escalier de pierre, ou que j'entends comme un souffle dans le vieille baignoire à pieds de lion...en y repensant aujourd'hui, j'imagine qu'elle aurait fait un excellent cadre pour un film d'horreur, et si je ne suis pas superstitieuse, c'est la seule période de ma vie où j'ai cru aux fantômes. je sais, ça parait totalement absurde, mais j'aurais aimé vous y voir...

J'ai ouvert portes et fenêtres et l'odeur des brebis pénètre tous les étages, j'aime, ça me rassure...

Mon ventre n'entrave pas encore mes allées-venues régulières entre maison et troupeau et Romain nous suit encore de bonne grâce. Plus que quelques jours avant la transhumance...

Nous rejoindrons son père un peu plus tard, passerons devant le château avec son parc aux mille senteurs et croiseront peut-être Monsieur le Marquis et Madame. Ils font régulièrement le tour de leurs terres dans une vieille deux chevaux sans âge, comme eux et s'arrêtent volontiers pour nous saluer. Toujours souriant, le langage emprunté de l'aristocratie associé à de vieux velours râpés...noblesse déchue, les pauvres n'ont plus les moyens d'entretenir cet héritage dans lequel toute leur fortune est passée. Ils ont vendu, à un riche négociant en laine, qui mourra peu de temps après son acquisition dans le crash de son avion privé. Sa femme restera seule sur le domaine, avec ses deux molosses noirs, peut-être y est elle toujours?

En attendant le jour du départ, les deux petits vieux semblent vouloir profiter jusqu'à la lie de leur gloire déchue. J'ai beau ne pas être de leur monde, je les plains sincèrement, comme ça doit être douloureux de devoir renoncer au berceau de plusieurs générations, comme ils doivent être malheureux...il s'appelait hellène, ça je n'ai pas oublié!

Je vaque à mes occupations, la porte ouverte sur la cour pour mieux surveiller la flèche de deux ans et demi qui trotte et course les poules. Un architecte est venu prendre des mesures. La maison et le bergerie seront bientôt les écuries des futurs propriétaires. C'est un immense brun avec une tignasse fournie et frisée, il ne fait pas sérieux, il est à peine plus âgé que moi, on dirait un ado qui a poussé trop vite.

Romain a fini par se poser un moment, assis au milieu de ses jouets. Je lâche un peu la garde, quelques minutes...

L'architecte vient s'exploser le front dans l'encadrement de la porte (décidément, il ne doit pas être loin des deux mètres, un peu plus peut-être) et balbutie, un peu sonné tout de même "Madame, venez vite, votre fils mange de la fiente de poule!!!

La scène est si cocasse que je dois me pincer les lèvres pour garder mon sérieux. je finis par bondir sur les lieux du crime, et récupère mon bonhomme, tartiné à la merde, se pourléchant les doigts en rigolant. Il en a partout, c'est à vomir...je le prends par le pantalon, seul endroit où avoir prise sans dégâts et le pose, dégoûtée, dans la fameuse baignoire, une première douche tout habillé, puis un trempage-frottagetrempage-frottage très énergique sous les hurlements de l'énergumène; il n'a plus recommencé, mais il en a fait tellement d'autres!

Si tu me lis, fiston, pardon, je sais que tu déteste cette histoire, mais si je la raconte si volontiers, c'est qu'elle fait partie des grands souvenirs de ma vie, de ceux qui vous font fondre et vous emplissent de bonheur, allez savoir pourquoi!

bernard2

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Commentaires
E
Je pense que Romain n'aimerait pas me voir sourire sur son histoire. Qu'il se rassure, il n'est pas un cas isolé. J'ai eu la même à la maison... au féminin.<br /> Caramel, je te livre ça par mail sous peu, histoire d'en rire d'une autre avec fiston. Beau dimanche.
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les mots de MEL
  • "De deux choses Lune, l'Autre c'est le Soleil." JACQUES PREVERT. Amoureuse des mots, ne peux vivre pleinement qu'au travers de ceux-ci, qu'ils soient littérature, théâtre, cinéma, réels, imaginaires, pourvu qu'ils fassent vibrer l'âme et la nourrissent.
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