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les mots de MEL
24 septembre 2011

Mâdame

Elle me fit appeler dans ses appartements, ma chambre se situait juste à côté, sous sa vigilance. Je fus un moment hésitante, elle ne m'avais jamais laissé pénétrer dans son espace privé, mais ses appels plus stridents me confirmèrent qu'ils m'ettaient bien adressés. J' approchais, hésitante, intimidée et intriguée à la fois. La maison , sombre et solennelle, ne m'avait jamais rien inspiré d'un foyer, un endroit chaleureux et convivial. Le lieu était à son image, glacial, un peu effrayant, monumental, ostentatoire, sans âme.

"Vous pouvez rentrer, je suis dans la salle-de-bain". Un lit monumental, des tapis somptueux, une chambre de Reine, meubles d'époque, comme tout ce qui se trouvait chez elle. J'avance à pas feutrés vers la lumière et l'odeur agressive du parfum de ma patronne. Une apparition virevoltante me laisse bouche bée: Mâdame, un mètre quatre-vingt-dix, cent-cinquante kilos au bas mot (j'ai l'habitude d'évaluer le poids des bestiaux!), tourne délicatement sur elle même, le rouge aux lèvres et les bras nus. Elle est vêtue d'un paréo ramené d'un dernier voyage dans les îles, je n'en sais plus bien les motifs, mais ils étaient des plus criards sur la personne, quelque bestiaire s'y envolait, si je ne m'abuse. De ces bouts de tissu exotiques qui ont un rendu magnifique sur les vahinés qui le portent en faisant rouler leurs hanches au son du Tamouré.

Mais voilà, Mâdame n'avait rien d'une vahinée, ses gros bras blancs pendouillaient de chaque côté du tissu gracieusement noué au milieu de ses deux énormes seins qu'on voyait choir sous l'étoffe. Elle était pieds nus, les genoux tombant sur les mollets, les mollets sur les pieds, deux poteaux d'albâtre campés bien droit, le visage légèrement relevé, le port altier, elle me dit:

"Je pars en vacances, je comptais porter ce paréo, n'est-ce pas un peu trop voyant?

VOYANT??? comment ai-je pu garder mon sérieux, ne pas pouffer comme gamine que j'étais, ç'eut été légitime, mais ça ne lui aurait mais alors pas du tout pu. Le "dodo" boudiné attendait le verdict, l'oeil bovin, le sourire rouge vif.

On attendais de moi, bergère et fille à tout faire, un avis précieux sur une question de bon goût.

"-C'est ravissant, ça doit être agréable à porter, vous y serez très à l'aise et les couleurs vous vont à souhait". Le bonheur total dans ses yeux! "vous êtes sûr? je ne voudrais pas paraître ridicule!

-"Oui, vraiment, sans hésiter".

Elle me congédia d'un signe de main, et s'en retourna, magistrale, finir de se faire belle dans son petit boudoir.

Je fonçais dans ma chambre, étouffant dans l'oreiller un fou-rire difficilement contenu, qui m'arrachait des larmes tant il était violent, et me jurais bien de ne jamais oublier cette scène ubuesque

                                                                                                                                              A suivre...

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Commentaires
E
Une vraie bouffée d'oxygène, un large sourire, du soleil pour ma soirée et un vrai éclat de rire. Comme il fait du bien cet écrit. J'aime l'effet renversement et la progression de ton récit. Te retrouver avec "la banane" comme tu m'as écrit me fait vraiment plaisir.<br /> Je partage ton état du moment, ta petite lueur de gaieté. Je pense fort à toi et t'embrasse.<br /> A vite pour la suite...
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les mots de MEL
  • "De deux choses Lune, l'Autre c'est le Soleil." JACQUES PREVERT. Amoureuse des mots, ne peux vivre pleinement qu'au travers de ceux-ci, qu'ils soient littérature, théâtre, cinéma, réels, imaginaires, pourvu qu'ils fassent vibrer l'âme et la nourrissent.
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