IL TEMPETE...
le ciel gris-bleu se met aujourd'hui en colère et prend des teintes électriques que rien n'altère. Le vent projète sur les vitres des larmes de pluie, qui s'écrasent, pathétiques, comme suppliant : ouvre-moi! elles glissent mollement leur naufrage, rejointes par une autre rafale...
Le paysage se fond et plie, tétanisé, soumis, sonné, les arbres, hébètes, semblent me regarder, me prendre à témoin. Ma bâtisse cantalienne s'offre à tous les vents, provocante belle de pierres séculaires, leur lançant le défi de jamais la coucher, elle en a vu tant d'autres!
Je pense, le coeur serré, aux bourgeons qui explosent au jardin, mais je sais que la sève est plus forte que tout, ils sauront profiter de l'eau salvatrice...
Même les prés sont bleus, le plateau se découpe en arrêtes vives, alors qu'il est d'ordinaire si doux.
Quelle chance j'ai de vivre la furie de l'intérieur, elle est si vivante qu'elle m'émeut et m'emporte.
Je suis si éblouie que j'en oublie la douleur tyrannique et demain l'hôpital...se coller aux carreaux...