Il voulait pas crever...
Cela fait aujourd'hui cinquante ans que Boris VIAN nous a quittés. Pourtant, bien au-delà de mes lectures adolescentes, ses textes auront laissé en moi une trace indélébile, un état d'esprit qui a façonné l'idée que je me faisais du monde et m'a aidée à tracer mon chemin en gardant en mémoire ce que peut être un esprit libre, un exemple intemporel du mot voyageur, qui se plie à toutes les fantaisies d'un homme qui sait ce qu'il ne veut pas.
Ce génial touche à tout, ce dandy cultivé, à été si innovant en son temps qu'il fut le plus souvent incompris, pire, il fut l'objet du scandale, lui qui avait tant besoin de reconnaissance...
C'est grâce à lui que les plus grands musiciens de Jazz sont venus jouer en France, de son idole absolue, Duke Ellington, au prince du be-bop, Miles Davis, en passant par Dizzy Gillespy, pour ne citer qu'eux.
Sartre et Beauvoir faisaient partie de ses proches, Prévert était son voisin et ami, Greco sa muse, Mouloudgi et Salvador ses interprètes, il baignait dans la legèreté de vivre avec la gravité du désespoir, pratiquait l'auto-dérision au vitriol et faisait mourir Chloé pour vivre un peu plus, essoufflant dans l'énergie de sa trompinette son propre nénuphar.
Non, définitivement, Boris n'est pas mort, et c'est un bel hommage qui lui a été rendu le 18 juin, sur ARTE, l'occasion de goûter encore la modernité de ses textes, de le voir se réjouir d'être toujours de ce monde, avec se grands yeux graves qui démentent parfois le sourire si généreux de cet ami fidèle et affectueux. Le Grand Équarrisseur nous enterrera tous!
"Quand j'aurai du vent dans mon crâne
Quand j'aurai du vert sur mes osses
P'tête qu'on croira que je ricane
Mais ça sera une impression fosse"...
Boris VIAN, tiré du recueil "je voudrais pas crever"