L'échappée bêle

Elles attendent dès l'aube les signes annonciateurs du "petit-déjeuner" .

Une porte qui claque, les chiens qui aboient, la lumière qui s'allume et c'est un festival de sons : elles protestent, s'impatientent, s'indignent de n'être pas encore servies.

Quand on pénètre dans leur antre, outre le bruit, l'odeur suave de leurs corps encore chauds du sommeil de la nuit s'engouffre en vous et vous entête, vous enivre, voluptueuse.

Enfin repues, après avoir englouti goulûment ce premier repas, elles se recouchent, sereines, en attendant de goûter le soleil.

Plus tard, les portes s'ouvrent grand sur le jour. Elles sortent, l'oeil vigilant et le pas sûr, à la recherche d'une nouvelle saveur à découvrir au gré de leur marche paisible.

Toujours gaillardes, malgré leurs ventres alourdis, elles arpentent les flancs escarpés de la montagne sans se soucier de rien d'autre que de remplir leurs panses insatiables.

Elles se déplacent et se répandent telle une vague blanche, un jet d'écume projeté sur la roche rouge, une mer de toisons.

Le soir venu, le ventre plein d'herbe et de vie, cette vie qui prend sa place un  peu plus chaque jour,elles se couchent et ruminent à l'unisson en attendant le rituel du lendemain. A suivre...